Lieutenant Claude Albenois

Claude, Paul, Marie Albenois naît le 6 avril 1925 à Rodez (Aveyron).

Le 2 décembre 1942, alors qu’il vit au Liban (protectorat français occupé par les Britanniques en juin 1941) où son père travaille comme ouvrier pour le parc des transmissions militaires, il s'engage et quitte le pays afin de rejoindre l’Angleterre et intègre l’école des Cadets de la France Libre à Londres.



1. Les Cadets venus du bout du monde
Français fils d’expatriés ou de diplomates, parfois dotés d’une double nationalité, mais Français de cœur, ces jeunes hommes n’hésitent pas à traverser les mers pour rejoindre l’Angleterre et combattre pour libérer la France. Beaucoup d’entre eux vont même y laisser leur vie.

2. La promotion 18 juin (juin 1944)
Il fait partie de la promotion du 18 juin 1944 qui compte 116 aspirants. Cette promotion beaucoup plus nombreuse bénéficie du ralliement progressif des différents territoires de l’Empire Français. Elle reçoit également de nombreux évadés de France, libérés après un passage dans la prison de Miranda. En effet, les Espagnols – voyant la force des armes donner l’avantage aux Anglo-américains – commencent à relâcher progressivement les français prisonniers.
Et puis, en France, l’occupation de la zone libre a déclenché dès 1942 de nouveaux engagements dans la résistance intérieure, mais aussi des évasions vers l’Angleterre.
A la fin de la formation, ses résultats lui permettent d'obtenir le grade de sergent, le 1er juin 1944.


Rang du haut, 5ème en partant de la droite.

3. Le BCRA
Ces initiales désignent le Bureau Central de Renseignement et d’Action. Cette entité a changé plusieurs fois de nom et l’on peut consulter les sites qui en racontent l’histoire mouvementée.
Les cadets au BCRA : d’abord impliqués dans des missions de renseignement, les cadets sont envoyés de façon plus massive en soutien des maquis à partir du débarquement en Normandie. Dès lors, c’est l’encadrement militaire des maquisards et des FFI qui mobilise les compétences des Cadets :
- encadrement militaire des maquis (formation des volontaires – contrôle de l’utilisation des armes),
- appui des offensives alliées – sabotages, retardement des mouvements des troupes allemandes,
- aide à la mise en place d’une administration officielle dès la libération (pour éviter aussi bien l’administration américaine que des « autonomies » communistes).

Le sergent Albenois demande sa mutation pour ce service et y parfait sa formation : sabotages, parachutages, déminages, etc.
C’est ainsi qu'avec quelques camarades, il est parachuté dans le maquis de Loudun (Vienne) le 4 septembre 1944 en tant qu' « officier encadrement maquis » avec le pseudonyme de Basique. Ils mènent alors des actions armées avec les FFI et les résistants dans les départements (actuels) de la Vienne, des Deux-Sèvres, de la Vendée et jusqu’en Loire-Atlantique.
Il s’illustre notamment lors de différents coups de main dans le pays de Retz à l'ouest de Pornic, en limite sud de la poche de Saint-Nazaire. L’activité de son groupe perturbe la zone de la batterie d’artillerie de la pointe Sainte-Gildas (deux canons de défense côtière de 240 mm).
Meneur d’hommes remarqué, il est nommé sous-lieutenant par le commandant de la sous-région FFI des Pays-de-Loire.

« Jeune officier destiné à un brillant avenir. Toujours volontaire pour les missions les plus périlleuses. Possède les qualités qui en font un bon entraîneur d'hommes. Inspire confiance par son sang froid au feu et son mépris total du danger. D'octobre à décembre 1944 participe aux patrouilles et embuscades effectuées dans le secteur de Port Saint-Pierre (Loire Inférieure) par le 6ème bataillon du 125ème RI, tuant ou blessant de sa main de nombreux allemands, A donné toute sa mesure pendant les combats du 20 au 23/12/1944 en tenant tête avec sa section à un ennemi mieux armés et bien supérieur en nombre. Après trois jours de lutte acharnée a réussi à repousser avec de lourdes pertes l'adversaire qui tentait de s'emparer du lieu-dit La Blanchardais ».
Citation à l'ordre de la division.

« Jeune officier, souleva l'admiration de ses hommes par son courage exemplaire. Alors qu'il était chef d'une patrouille de 16 hommes, il attaqua une section allemande. Après un dur engagement, il réussit à décrocher. Pertes allemandes : 9 tués, 8 blessés et ramène sa patrouille intacte à la compagnie. Magnifique d'allant, reste une belle figure du chef incontesté faisant l’admiration par son courage et son patriotisme ».
Citation à l'ordre du corps d'armée.

« Patriote d'un courage allant jusqu'à la témérité ; parachuté en France pour l'encadrement des maquis. S'est distingué dans de nombreuses opérations dans le secteur de Port Saint-Pierre. Au cours d'une patrouille dans la région de Frossay, surpris par une embuscade allemande, a rompu l'encerclement après 2 heures 30 de durs combats, infligeant à l'ennemi de très lourdes pertes ».
Citation à l'ordre de l'armée.

Il rentre en Angleterre fin 1944.

4. L’après-guerre
De retour en France, début 1945, il rencontre Simone Carrière à Paris et ils se marient après l’Armistice.
Il est affecté à Pau de 1945 à 1948 et nommé lieutenant.
Leur première fille Claudine naît le 9 novembre 1946.

5. L’Indochine
Il rejoint l’infanterie coloniale (régiment ?) et part en Indochine fin 1948.
Il est d’abord affecté à Nha Trang (Annam), puis à Ban Mê Thuôt, capitale de la province de Dak Lak, zone montagneuse des Hauts Plateaux du Centre, région de l’ethnie des Mnong (assimilés à un groupe plus vaste dénommé Moï : habitants originels de l'Indochine qui furent progressivement repoussés dans les montagnes par l'expansionnisme des Viets du Tonkin et d'Annam).

A Ban Mê Thuôt, le détachement aux ordres du lieutenant Albenois est constitué d’une trentaine de soldats français de l’infanterie coloniale et de supplétifs Mnong (entre 40 et 60 sur la période). Parmi les moyens notoires, on trouve des mitrailleuses et des mortiers, des jeeps et des camions, et des véhicules blindés (poursuivre les recherches : a priori scout-cars M3 et/ou half-tracks M3 ; peu probablement automitrailleuses M8 ou AMD 178).
Les principales missions consistent en des patrouilles et du contrôle de zone dans les montagnes alentours.
La caserne est en périphérie de la ville et plusieurs postes de surveillance sont répartis dans la montagne. L’officier dispose d’une villa en centre-ville, avec femme et enfants.
Leur deuxième fille Anny naît le 18 avril 1950.
De retour en France fin 1950, il est affecté à Paris.

6. La Côte d’Ivoire
Il part pour la Côte d’Ivoire (alors colonie française) en 1951 où il rejoint la garnison de Bouaké, au centre du pays.
Leur troisième fille Catherine y naît le 13 mai 1953.
Il décède d'une syncope le 8 décembre 1953 dans cette même ville.

Il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume, par décret du 4 août 1954.

J'ai oublié de préciser qu'il s'agit de mon grand-père maternel et que je travaille à lui donner un profil pour le jeu.

Beau travail de recherches

Félicitations, et beau projet !

Superbe projet. Bon courage pour le mener à bien. Et beau travail de présentation. Tu as du faire d"énormes recherches pour aboutir à cela.

Une belle et honorable filiation.
Tu rends honneur à ton grand-père en exhumant du passé ses exploits et sa vie de combat pour la France !
Mes respects à ses mânes.

J’ai vu ça sur le groupe Facebook, excellent, merci

Merci pour ce partage. J'espère que tu as peu voir ou récupérer des souvenirs ou objets personnels qui lui ont appartenus.

Bel hommage à ce héros - Bravo !

Merci Pascal, sacré carrière et bel engagement. Un scénario avec des résistants dans le pays de barbe bleu, tout un programme, on attend ça, pour Lande's 2021 par exemple.
Je retourne à mes indiens et tuniques rouges, objectif, chasser Boublik du Canada...